On s’occupe auffi des foins les plus propres à perfectionner l’économie : on croit que dans une administration municipale, où les furveillans font en plus grand nombre, & où la fubdivifion des bénéfices de main-d’œuvre eft importante, il convient de ne pas rendre trop confidérables les tâches & les adjudications, afin d’y admettre un plus grand nombre de concurrens, & d’obtenir un meilleur marché. On n’eft point arrêté par la crainte, qu’il n’y ait pas d’abord affez d’adjudicataires expérimentés, pour fuffire à ces divifions : & l’on confidere cette efpece d’art comme affez facile, pour efpérer qu’en peu de temps il fe formera des hommes fuffisamment capables, quand ils travailleront fous les yeux de bons ingénieurs & d’infpecteurs éclairés. L’on obferve encore que les adjudicataires domiciliés près du lieu de leurs travaux, doivent néceffairement fe contenter d’un moindre bénéfice, et redoubler en même temps de foins & d’attentions, dans la crainte des reproches journaliers, qu’ils ne fauroient éviter, lorfqu’ils habitent au milieu de ceux qui font les témoins de leurs ouvrages, & qui ont le plus d’intérêt à leur perfection.
L’exécution de cette délibération, a répondu à l’efpérance de l’affemblée : une foule d’entrepreneurs fe font préfentés dans toutes les parties de la province ; il en est réfulté des rabais confidérables fur les anciens prix, & tels, que, dans certains lieux, la différence a été d’un quart, & quelquefois d’un tiers ; enfin, toutes les adjudications ayant été ftipulées par des membres de l’adminiftration provinciale, ou par des correfpondans qu’elle avoit choifies, nul bénéficie obfcur ou fubalterne n’a pu s’y introduire.
De l’administration des finances de la France par M. Necker (M. DCC. LXXXIV), tome II, page 251 s.