C’est pourquoi un homme qui attaque des trains choisit ses compagnons avec plus de soin qu’une jeune fille prudente n’en met à élire un amoureux. C’est pourquoi il se redresse sous ses couvertures, la nuit, et tend l’oreille au moindre bruit de sabots, au loin, sur la route. C’est pourquoi, pris de soupçons, il rumine des jours entiers une plaisanterie ou un geste inhabituel d’un camarade fatigué, ou les paroles incohérentes que laisse échapper dans son sommeil le fidèle compagnon qui dort à ses côtés.
Et c’est l’une des raisons qui font que le métier de pilleur de train n’est pas aussi agréable que l’une ou l’autre de ses deux branches collatérales, la politique ou l’établissement de monopoles
O. Henry – « Attaque de train : mode d’emploi»