Les bourgeois faisaient choix, dans la rivière, d’une petite anse tranquille, d’une rive abritée, d’une grenouillère à fond de sable ; on installait là, pour la belle saison, une toile formant paravent tendue sur quatre piquets, et l’on allait ainsi patauger à l’abri des regards indiscrets. Bientôt ces baignoires estivales, établies, comme bien on pense, sans nulle permission et sans aucun souci des besoins de la navigation, encombrèrent si bien les berges, que les bateaux n’y pouvaient plus aborder : le bureau de la Ville s’en émut, et c’est de cette émotion que date le premier contrat administratif concédant à un particulier le droit d’exploiter des bains en la rivière. Le privilège est du 26 janvier 1688, et les bénéficiaires – les époux Villain – obtenaient, moyennant un loyer de trente livres par an, le droit exclusif d’établir des bains depuis le Cours-la Reine jusqu’au pont Marie.
Paris qui disparaît – Bains froids – G. Lenotre